Le lauréat du Prix Nobel Abdulrazak Gurnah a été pris à partie lors du deuxième jour de la Conférence des Editeurs, qui se tient en amont du Salon International du Livre de Sharjah de cette semaine. Tout le monde voulait être pris en photo avec cet auteur discret, pour la première fois en visite dans le Golfe.
Il a assisté à la session sur la décolonisation et l’influence grandissante des auteurs africains, lors de laquelle il a entendu une homologue écrivaine Lola Shoneyin, du Nigéria, attaquer les éditeurs occidentaux : « Je suis également éditeur au Nigéria. Quand un livre africain est publié en occident, il est particulièrement difficile d’acheter les droits pour une édition africaine. Les éditeurs britanniques sont en particulier coupables.
« Les éditeurs occidentaux considèrent qu’il est éthique de refuser les droits aux éditeurs africains. Il est nécessaire d’étudier cette dynamique des pouvoirs. Ils devraient céder ces droits. Nous ne voulons que la situation soit la même que pour les Bronzes du Bénin, que nous serons obligés d’aller chercher. »
Parmi ceux qui s’empressaient d’être pris en photo avec Gurnah, l’écrivaine kenyane Yvonne Adhiambo Owuor, qui a également eu la meilleure réplique du jour. Abordant Gurnah depuis la scène, elle a déclaré : « Merci d’avoir décolonisé le Nobel », déclaration saluée par des applaudissements.
Entretemps, au milieu de la jungle des tables rondes sur les droits, Julie Attril, responsable des droits pour l’éditeur britannique John Wiley, ne tarissait pas d’éloges sur le Salon International du Livre de Sharjah : « C’est la onzième fois que je viens ici. Ils ont fait un travail formidable. Je viens parce que je fais de bonnes affaires ici, et je rencontre des personnes que je ne rencontrerai jamais autrement. Je vends tout, des plus gros titres, comme les titres marketing de Philip Kotlger, à un obscur livre des années 90 sur les sciences sociales, que je viens de vendre à un éditeur syrien. Il n’y pas d’autre endroit comme celui-ci. »