L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud et sa femme, la thérapeute Aicha Dahdouh, sont poursuivis en Algérie suite à deux plaintes les accusant d’avoir utilisé sans consentement l’histoire d’une patiente pour le roman Houris. Ce livre, qui a reçu le prestigieux Prix Goncourt, raconte la vie fictive de Fajr, une jeune femme ayant perdu sa voix après avoir survécu à une attaque islamiste. La plaignante, Saada Arbane, une survivante de la guerre civile algérienne, affirme que l’héroïne du roman partage des détails intimes de sa propre vie, notamment ses cicatrices, son tube vocal et sa relation avec sa mère. Arbane explique qu’elle avait refusé que son histoire soit utilisée après une discussion avec Daoud il y a trois ans.
Kamel Daoud nie fermement ces accusations, affirmant que Houris est une œuvre de fiction inspirée des tragédies générales vécues en Algérie durant les années 1990, mais qu’aucune personne réelle n’a servi de modèle direct. Antoine Gallimard, son éditeur, défend également l’auteur, rappelant que les écrivains ont le droit de s’inspirer de faits réels pour leurs créations. Cependant, le roman a été interdit en Algérie, et Daoud dénonce une campagne de diffamation orchestrée par des médias proches du régime. Malgré cela, l’auteur continue de recevoir le soutien de figures littéraires internationales pour la qualité et l’importance de son œuvre.
Cette affaire soulève des questions complexes sur les limites entre la fiction et le respect de la vie privée, tout en relançant le débat sur la liberté d’expression en Algérie. Arbane accuse également Daoud de diffamation et de violation des lois algériennes sur la réconciliation nationale, qui interdisent de publier des récits liés à la « décennie noire ». Bien que Daoud soit confronté à ces controverses, il maintient que son roman est entièrement fictif et continue de défendre son droit d’explorer des thèmes aussi poignants et tragiques dans son écriture.