La chaîne de valeur du livre repose sur une mécanique complexe impliquant auteurs, éditeurs, distributeurs, libraires, traducteurs et, de plus en plus, plateformes numériques. Derrière un prix de vente unique se cache une répartition inégale, influencée par des contrats, des coûts fixes et des dynamiques de marché. L’auteur, créateur du contenu, perçoit généralement entre 8 % et 12 % du prix d’un livre imprimé, parfois jusqu’à 25 % pour les formats numériques ou audio. Mais ces revenus dépendent souvent d’un mécanisme de récupération d’avance : aucun versement supplémentaire n’est effectué tant que l’avance n’est pas remboursée par les ventes.
L’éditeur, acteur central du processus, prend en charge la fabrication, la diffusion, la promotion, ainsi que la gestion logistique. Pour couvrir ces coûts, il conserve habituellement plus de 50 % du prix de vente. Les libraires, quant à eux, fonctionnent sur un système de remises, percevant entre 35 % et 45 % du prix, ce qui leur permet de financer leurs charges et d’assurer leur viabilité économique. Les grandes plateformes en ligne bénéficient toutefois de conditions plus avantageuses, accentuant la pression sur les librairies indépendantes et les petits éditeurs.
Dans le cas des ouvrages traduits, les traducteurs s’ajoutent à la chaîne de répartition. Leur rémunération varie entre un forfait unique et une part comprise entre 2 % et 5 %, parfois prélevée sur les droits de l’auteur. Malgré leur rôle créatif essentiel, leur place reste marginale, en particulier dans les marchés éditoriaux arabes. À l’inverse, l’autoédition permet aux auteurs de conserver jusqu’à 70 % des recettes nettes, en contrepartie de la prise en charge complète des frais de production. Ce modèle, en essor dans les économies numériques, offre une liberté accrue, mais transfère aussi sur l’auteur la totalité du risque entrepreneurial.