En Afghanistan, l’université se transforme en zone de censure. Le ministère de l’Enseignement supérieur dirigé par les Talibans a interdit les ouvrages rédigés par des femmes ainsi que l’enseignement de matières comme les droits humains ou la sociologie des femmes. Pendant que le paysage académique se rétrécit, les livres publiés par des autrices afghanes gagnent un lectorat mondial. Depuis plusieurs décennies, ces femmes construisent, souvent depuis l’exil, une œuvre marquée par la mémoire, l’identité, la résistance et la transmission.
Parmi ces textes essentiels figure My Dear Kabul: A Year in the Life of an Afghan Women’s Writing Group (« Ma chère Kaboul : un an dans la vie d’un groupe d’écrivaines afghanes »), né d’un échange sur WhatsApp entre 21 femmes en 2021. Ce journal collectif, effacé des téléphones mais sauvegardé à l’étranger, constitue un témoignage rare du quotidien sous surveillance. Autre ouvrage marquant, My Pen Is the Wing of a Bird (« Mon stylo est l’aile d’un oiseau »), publié en 2022, rassemble dix-huit nouvelles en dari et en pashto, écrites dans le cadre du projet Untold « Write Afghanistan ». Les récits abordent la guerre, l’enfance, l’amitié, et la quête de soi au cœur de la violence. L’œuvre poétique de Fevziye Rahgozar Barlas, exilée depuis 1979, notamment Wonderland (« Le pays des merveilles ») et The Heavens Are My Father (« Le ciel est mon père »), explore l’exil à travers l’image et la mémoire.
Des récits autobiographiques tels que Dancing in the Mosque: An Afghan Mother’s Letter to Her Son (« Danser dans la mosquée : lettre d’une mère afghane à son fils ») de Ḥumayrā Qadiri ou The Favored Daughter (« La fille privilégiée ») de Fawzia Koofi témoignent d’une maternité vécue sous menace, entre militantisme et survie. Dans The Storyteller’s Daughter (« La fille du conteur »), Saira Shah décrit sa découverte de l’Afghanistan et de ses contradictions. Quant à The Secret Sky (« Le ciel secret ») d’Atia Abawi, roman d’amour interdit, il interroge les frontières entre culture, tradition et révolte. Ces ouvrages, bien plus que des récits personnels, forment une archive littéraire collective, là où le pouvoir tente d’effacer la parole.



