Pendant des décennies, certains auteurs ont façonné l’imaginaire des élèves à travers des œuvres inscrites au cœur des programmes scolaires. Pourtant, de Khaled Hosseini (Les Cerfs-volants de Kaboul) à Harper Lee (Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur), ces voix littéraires autrefois incontournables se font rares en classe. Qu’il s’agisse de romans explorant l’injustice raciale, la quête de rédemption ou les bouleversements politiques, leur retrait interroge sur l’évolution des priorités éducatives et des repères culturels.
D’autres figures majeures, telles que George Orwell (1984, La Ferme des animaux), John Steinbeck (Les Raisins de la colère), Mark Twain (Les Aventures de Huckleberry Finn) ou Lois Lowry (Le Passeur), portaient en elles un potentiel pédagogique unique : éveiller l’esprit critique, nourrir l’analyse sociale, ou confronter les élèves à des visions du monde parfois dérangeantes mais essentielles. Certaines, comme Stephen King, ont même permis d’explorer les frontières du réalisme et du fantastique au sein d’une même œuvre, tandis que Dr. Seuss ou Katherine Paterson invitaient les jeunes lecteurs à l’empathie et à la réflexion à travers des histoires simples mais profondes.
Leur effacement des programmes reflète autant un changement de regard sur les contenus jugés “adaptés” qu’une transformation des attentes vis-à-vis de l’enseignement littéraire. Dans ce glissement, se pose une question essentielle : en privilégiant d’autres œuvres, ne risque-t-on pas de priver les nouvelles générations d’outils précieux pour comprendre l’histoire, la société et elles-mêmes ? Car ces classiques, qu’ils soient dystopiques, poétiques ou réalistes, ne se contentaient pas d’enseigner la langue : ils formaient des citoyens.



