L’industrie éditoriale pakistanaise se trouve face à d’insurmontables défis, tourmentée par la révolution numérique. Alors que la communauté de lecteurs s’amenuise, la scène est monopolisée par quelques mastodontes, et l’inflation galopante, telle une bête féroce, met à mal les éditeurs traditionnels qui peinent à s’adapter.
Avant l’avènement de l’Internet et des réseaux sociaux, le modèle d’édition classique prospérait au Pakistan. Les livres, joyaux de divertissement, régnaient en maîtres, tandis que les bibliothèques publiques et les modestes échoppes jouaient un rôle incontournable, prêtant des ouvrages et des revues au cœur des communautés locales.
Cependant, l’arrivée fracassante de l’Internet au début des années 2000 a chamboulé le paysage de la lecture. Le lectorat en ligne s’est envolé alors que les gens se délectaient d’un accès sans limites à une profusion de contenus gratuits, PDF en tête, impactant considérablement les bénéfices des éditeurs traditionnels. Hélas, nombre d’entre eux au Pakistan ont failli à numériser leurs opérations, et l’absence d’un répertoire numérique exhaustif des éditeurs dans le pays a encore davantage freiné le progrès.
Malgré ces embûches, l’industrie mondiale de l’édition de livres est en pleine effervescence, les revenus ayant atteint 129 milliards de dollars en 2023, avec une valorisation du marché attendue à 163,89 milliards de dollars d’ici 2030. Cependant, les liens bilatéraux tendus entre l’Inde et le Pakistan entravent la route des auteurs pakistanais en quête d’opportunités auprès des grandes maisons d’édition internationales.
Au Pakistan, près de 90 % des publications se limitent à des ouvrages académiques et des manuels scolaires, laissant peu de place aux travaux de recherche ou à la fiction, réservés à quelques rares éditeurs indépendants. L’industrie de l’édition traditionnelle est connue pour exercer un contrôle étroit sur le contenu, le façonnant selon ses propres préférences, reléguant ainsi les écrivains à un sentiment de dépossession.
D’un autre côté, les plateformes d’auto-édition telles qu’Amazon boudent le Pakistan, et même lorsque les auteurs parviennent à être publiés, obtenir des fonds pour leur labeur devient un défi dantesque. L’auto-édition, fourmillant d’auteurs, s’avère onéreuse et manque cruellement de crédibilité, obligeant les écrivains à endosser eux-mêmes les habits du marketing.
Dans ce paysage aride, Daastan, une start-up d’édition basée au Pakistan, ambitionne de démocratiser l’univers de la publication en offrant des alternatives abordables aux auteurs en herbe. La société, architecte d’un modèle hybride, confère aux écrivains une liberté créatrice inouïe, une crédibilité à toute épreuve et des stratégies de marketing ingénieuses. Daastan, en perpétuelle mutation, a commencé par offrir la publication gratuite avant de bifurquer vers un modèle d’adhésion.
Malgré son approche novatrice, Daastan se voit confronter une kyrielle de défis. L’inflation, notamment la flambée des prix du papier, s’impose comme un obstacle majeur. De plus, la communauté de lecteurs au Pakistan se réduit inexorablement, victime d’un taux d’alphabétisation dérisoire et d’un intérêt limité pour la lecture en dehors des manuels académiques.
Afin de promouvoir une culture de la lecture, il est impératif de rendre les bibliothèques publiques plus accessibles, et de semer les graines de l’appétence pour la lecture dès l’école et l’université. Daastan, en quête de diversification de ses sources de revenus, se tourne vers les professionnels en milieu de carrière, proposant des services de rédaction fantôme et de distribution de livres. Néanmoins, un investissement conséquent demeure incontournable pour naviguer dans cette période inflationniste sans précédent.