La maison d’édition algérienne MIM Edition a annoncé cette semaine la suspension de ses activités après une réaction en ligne contre un roman critiqué pour son contenu jugé inapproprié. Le roman Houaria, de l’écrivaine algérienne Inaam Bayoud, a été critiqué sur les réseaux sociaux pour son contenu prétendument « indécent » et ses expressions vulgaires en dialecte algérien Darija. Cette réaction a suscité le soutien de plusieurs intellectuels algériens, soulignant les doubles standards auxquels les femmes font face dans la société algérienne. Le journaliste Hassan Moali a dénoncé « l’hypocrisie d’une partie des gens qui ne veulent absolument pas affronter leurs contradictions sous couvert d’un bigotisme parfois surestimé. »
Amina Belaala, membre du jury du Grand Prix Assia Djebar, a nié l’existence de tout langage grossier dans le roman, louant la narration précise et la construction des personnages de Bayoud. Fondée par Assia Ali Moussa en 2007, MIM Edition a soutenu les jeunes femmes algériennes en publiant des romans, de la poésie, des pièces de théâtre et des recherches littéraires. L’annonce de la fermeture intervient une semaine après que Houaria a remporté le prestigieux Grand Prix Assia Djebar, en hommage à la grande figure littéraire algérienne décédée en 2015.
Pour le critique littéraire Faycal Metaoui, la controverse autour du roman démontre un double standard envers les écrivaines en Algérie, affirmant que si l’auteur et l’éditeur étaient des hommes, la réaction aurait été différente. Le roman raconte l’histoire d’une voyante nommée Houaria, dont les clients de différentes classes sociales viennent lui confier leurs secrets intimes, permettant à Bayoud de refléter les couches complexes de la société algérienne.