À l’occasion du 90e anniversaire de Penguin, Tom Weldon, PDG de Penguin UK, revient sur l’héritage complexe laissé par Allen Lane, fondateur de la maison en 1935. Lane voyait sa mission comme à la fois « missionnaire et mercenaire » : démocratiser la lecture tout en assurant la viabilité économique. Cette dualité reste au cœur de la stratégie de Penguin Random House aujourd’hui. Weldon affirme : « Le profit ne nous définit pas, mais il nous soutient. Nous sommes une entreprise et une institution culturelle. »
Filiale du groupe Bertelsmann, Penguin Random House génère aujourd’hui 4,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 10 % proviennent du marché britannique. C’est le plus grand éditeur de littérature générale au monde. Pour Weldon, cette réussite repose moins sur des blockbusters exceptionnels que sur la capacité à exploiter des niches éditoriales précises dans un paysage médiatique fragmenté. Loin d’une nostalgie paralysante, il célèbre un secteur toujours vibrant : « Ce métier reste passionnant. Les gens boivent simplement moins à midi, et c’est tant mieux. »
Le principe fondateur reste inchangé : élargir le lectorat sans trahir l’exigence éditoriale. Weldon insiste sur la responsabilité des éditeurs, notamment dans le traitement de sujets sensibles. La maison ne fuit pas les livres controversés, mais reste guidée par ses éditeurs : « Nous disons clairement à chacun qu’il pourra travailler sur des titres avec lesquels il n’est pas d’accord. Et s’il ne peut pas l’accepter, alors cet environnement n’est pas pour lui. » Chez Penguin, la liberté de publier reste une ligne de force.