L’industrie de l’édition dans le monde arabe traverse une crise grandissante, alimentée par l’explosion des prix du papier et des coûts d’impression. Cette flambée a entraîné une baisse significative des volumes de production et accentué la pression sur les maisons d’édition, en particulier celles dépendant de matériaux importés. La volatilité des prix mondiaux, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la dévaluation monétaire consécutive à la libéralisation de certaines devises ont alourdi les charges et provoqué une hausse historique des dépenses d’impression.
Au-delà de l’impact financier, cette crise menace directement la pérennité de nombreuses petites et moyennes maisons d’édition. Certaines ont dû réduire leur production ou suspendre les parutions. D’autres adoptent des stratégies de survie : tirages limités, diminution du nombre de pages, ou participation financière des auteurs, notamment débutants, aux frais d’impression. Dans les cas les plus critiques, des maisons ferment définitivement, réduisant la diversité du paysage littéraire arabe.
Les grands éditeurs tentent de résister en diversifiant leurs sources de papier ou en externalisant l’impression vers des pays moins coûteux, mais ces solutions demeurent insuffisantes sans appui concret des États ou d’organismes culturels. Les salons du livre, souvent perçus comme des bouées de sauvetage, ne compensent plus les pertes, d’autant que le pouvoir d’achat des lecteurs diminue et que le piratage nuit fortement aux ventes. Sans politiques de soutien claires, c’est toute une partie du patrimoine intellectuel arabe qui risque de s’effacer.