La plus jeune lauréate du Prix Nobel et militante pakistanaise, Malala Yousafzai, n’approuve pas l’opinion de ses concitoyens, qui l’accusent d’être une héroïne à l’étranger et une traître dans son pays.
Lors d’un Festival de Littérature de Emirates « Discussion avec Malala Yousafzai », elle a répondu à une question d’un pakistanais de son village, Swat Valley, qui avait été témoin du calvaire qu’elle et sa famille avaient subi : « je suis tombée sur de tels commentaires sur les réseaux sociaux mais je n’y prête pas attention. Je ne suis pas d’accord avec vous. Les pakistanais que j’ai rencontrés durant mon voyage en 2018 ne m’ont pas nommée ainsi. Nombreux d’entre eux ont décidé de scolariser leurs filles et de leur donner le même prénom que moi. »
« Je suis optimiste, je n’ai pas vu de haine sur les réseaux sociaux lors de mon voyage au Pakistan. Je ne vois pas l’existence du Pakistan sur les réseaux sociaux en réalité » a-t-elle ajouté.
Actuellement, la Fondation Malala finalise un projet de construction d’un lycée pour filles dans le village pakistanais de Shamla, ainsi que des initiatives d’éducation numérique au Pakistan, en Inde, au Nigéria et au Brésil.
La Fondation, a-t-elle ajouté, rêve simple mais grand : le droit pour les filles à une éducation gratuite et complète jusqu’à l’âge de 12 ans et l’accès à l’apprentissage numérique. Le Nigéria a commencé à dispenser des cours à la radio pour les enfants alors que le Pakistan a présenté des cours numériques sur la télévision nationale et sur des applications mobiles.
Pour Malala, le Covid-19 a causé des problèmes liés au genre, qui pourraient s’aggraver si l’on ne s’en occupe pas. Environ 130 millions de filles sont déscolarisées dont 27 millions au Brésil, 2 millions en Ethiopie, 108 millions en Inde et 12 millions au Pakistan.
« J’espère que les gouvernements, les enseignants et les militants de l’éducation joueront un rôle, donneront de l’importance aux filles et s’assureront de leur apprentissage à la maison. Les pandémies sont imprévisibles, les femmes et filles pourraient être victimes de discrimination. Durant Ebola, 20 millions de filles risquaient d’être déscolarisées, soit pour travailler soit pour être mariées de force », a-t-elle déclaré.
Malala a exhorté les filles à ignorer les commentaires racistes sur les réseaux sociaux. « Ne communiquez pas avec ces personnes. Rebellez-vous et contestez le statu quo. Ces personnes veulent que vous restiez à la maison plutôt que vous deveniez astronaute, PDG d’une entreprise d’informatique, ou physicienne. Résistez, et devenez-en une justement. »
Elle espère aussi que les programmes scolaires intégreront l’apprentissage de l’esprit critique, l’éducation sexuelle et les questions sur les genres, ainsi que les arts et les métiers pour encourager les étudiants à choisir leurs objectifs. L’esprit critique est primordial au temps de l’internet parce qu’ils peuvent faire des recherches sur les auteurs et comprendre ce qu’ils voulaient dire. L’éducation sexuelle est importante parce que beaucoup de filles et femmes au Pakistan ne connaissent pas leurs corps à cause de la stigmatisation qui y est rattachée. L’éducation numérique est souvent associée aux hommes mais les filles en ont besoin aussi. »