Le romancier hongrois László Krasznahorkai obtient le Prix Nobel de littérature 2025, attribué par l’Académie suédoise « pour sa créativité profonde et sa capacité à faire naître la lumière dans les moments les plus sombres ». Connu pour ses phrases sinueuses et hypnotiques, il bâtit une œuvre où l’ironie noire et la méditation philosophique se répondent, révélant dans la ruine le reflet de la fragilité humaine. Il devient ainsi le premier écrivain hongrois à être ainsi distingué depuis Imre Kertész en 2002. La cérémonie de remise des prix aura lieu, comme le veut la tradition, le 10 décembre à Stockholm. Le lauréat recevra onze millions de couronnes suédoises, une médaille d’or et un diplôme.
Auteur de Satantango, La Mélancolie de la résistance (The Melancholy of Resistance) ou encore Guerre & Guerre (War and War), Krasznahorkai a construit un univers narratif vertigineux, situé entre réalité et délire. Son écriture a inspiré le cinéaste Béla Tarr, dont les adaptations ont marqué le cinéma contemplatif (slow cinema). Il avait déjà obtenu le Prix international Man Booker en 2015 et le National Book Award de la littérature traduite en 2019 pour Le Retour de Barón Wenckheim (Baron Wenckheim’s Homecoming), ce qui confirme sa place parmi les voix les plus singulières de la littérature européenne contemporaine. Son parcours souligne également le rôle décisif de la traduction dans la transmission des œuvres denses et exigeantes à un lectorat international.
Cette distinction ravive une interrogation essentielle : dans un monde saturé par la crise, comment la littérature peut-elle encore offrir une source de consolation ? Selon l’Académie, c’est précisément dans cette tension que réside la force de son œuvre. L’art, lorsqu’il naît d’une conscience aiguë du réel, demeure un rempart contre l’effacement. L’écriture de Krasznahorkai engage le lecteur là où le chaos et la beauté se croisent, révélant ainsi que, même au cœur de la désolation, un sens reste à découvrir.



