Au sud-est de Sharjah, dans l’étreinte silencieuse entre dunes et montagnes, Mleiha apparaît comme un poème inachevé, suspendu entre ciel et sable. Le vent y dessine des calligraphies éphémères, le soleil couchant enflamme les courbes du désert, et le silence devient matière dense, non pas absence de sons, mais présence feutrée où les mots semblent jaillir de la terre elle-même. Ici, l’écrivain n’observe pas la beauté, il y est confronté, dans sa nudité la plus radicale, dépouillée du superflu.
Chaque aurore marque un commencement, chaque crépuscule la promesse d’une page non encore tournée. La nuit ne plonge pas Mleiha dans l’ombre, elle l’élève sous un ciel constellé, où les étoiles coulent sur les reliefs comme une mer suspendue. À cette lumière froide, les mémoires anciennes remontent, fragments de civilisations disparues, voix enfouies dans la roche, passants d’un autre âge ayant semé leur chant. Le désert, en son immensité, ne se tait pas, il murmure aux initiés les récits de ceux qui l’ont traversé.
Mais au-delà de ses traces visibles, Mleiha active une mémoire plus vaste, partagée, presque primordiale. Ici, un simple mot, tel un grain de sable, devient germe d’univers, image, sensation, pensée. Ce lieu géographique devient alors territoire littéraire, forgeant des ponts entre le mythe et le réel, entre l’individuel et le collectif. Peut-être est-ce là sa force, inviter l’écriture non depuis le tumulte, mais depuis l’espace nu où l’imaginaire, libéré, trouve enfin sa pleine respiration.



