Le principal distributeur russe BMM a exigé le retrait immédiat de 37 ouvrages, parmi lesquels The Virgin Suicides (Les Vierges Suicidées) de Jeffrey Eugenides, lauréat du prix Pulitzer, ainsi que des romans de la Britannique Bridget Collins. Dans une lettre datée de fin mai et consultée par la BBC, les libraires sont enjoints de cesser toute vente, de retourner ou de détruire les exemplaires restants, avec confirmation écrite à l’appui. Le document évoque de vagues « soupçons de non-conformité aux lois russes » sans fournir de justification précise, tout en évoquant des « conséquences défavorables » en cas de non-exécution.
Cette décision intervient dans un climat de répression culturelle renforcée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Selon la BBC, les livres visés contiendraient des contenus perçus comme critiques du pouvoir, favorables aux droits LGBTQ ou porteurs de discours antimilitaristes. Les ouvrages ont été publiés par Ripol Classic et Dom Istorii, deux maisons affiliées à BMM. Interrogée par la BBC, Anastasia Nikitanova, directrice générale de BMM, a refusé de commenter, interrompant l’appel avant de rester injoignable.
Plusieurs libraires ayant reçu la lettre évoquent un phénomène de « panique morale » généralisée dans le secteur. Un employé, cité anonymement, affirme ne plus avoir ces titres en stock, mais exprime son incompréhension face aux critères de sélection. Sergeï Makarenkov, directeur de Ripol Classic, suppose un lien avec la législation anti-LGBT récemment renforcée, tout en admettant n’avoir reçu aucune explication claire de la part de BMM. L’affaire illustre une dérive idéologique où la littérature devient une cible directe du contrôle étatique.



