Une nouvelle analyse d’un fragment de lettre datant du XVIIe siècle remet en cause l’idée longtemps acceptée d’un mariage malheureux entre William Shakespeare et son épouse, Anne Hathaway. Découverte par hasard dans la reliure d’un livre à Hereford, cette lettre est adressée à « bonne Madame Shakespeare » et laisse entendre que le couple aurait vécu ensemble à Londres entre 1600 et 1610. Selon le professeur Matthew Steggle de l’université de Bristol, il s’agirait de la première preuve matérielle plaçant Anne Hathaway aux côtés de son mari dans la capitale à cette époque, contredisant la vision d’un couple séparé par la carrière du dramaturge.
Le contenu de la lettre relate une affaire financière impliquant un orphelin nommé John Butts, à qui Shakespeare aurait refusé de remettre de l’argent. L’auteur de la lettre s’adresse alors à Anne Hathaway, qui défend son époux et rejette la demande. Au verso, on trouve un texte qui pourrait bien être la réponse manuscrite d’Anne elle-même, potentiellement les premiers mots jamais attribués à son écriture. Ce fragment donne également un nouvel aperçu de la vie londonienne du poète, suggérant qu’il habitait Trinity Lane et que son épouse était active dans ses affaires sociales et financières.
Jusqu’à présent, de nombreux biographes dépeignaient leur union comme distante, évoquant son départ pour Londres et son célèbre legs du « deuxième meilleur lit » à Anne dans son testament. Ce document inédit change la donne : il révèle non seulement une cohabitation probable, mais aussi une collaboration discrète entre les époux. Selon Steggle, cela pourrait bouleverser la perception dominante du mariage de Shakespeare et forcer les chercheurs à réévaluer l’implication réelle d’Anne Hathaway dans la vie de son mari.



