Depuis ses débuts, Bloomsbury Publishing doit son essor à sa capacité à miser sur des auteurs capables de captiver le grand public. Après le phénomène Harry Potter, la maison d’édition connaît un nouvel âge d’or grâce à Sarah J. Maas, dont les romans de «romantasy» dominent la scène littéraire sur TikTok. Son influence dépasse largement les ventes: l’action de Bloomsbury a grimpé de plus de 160% en cinq ans, atteignant un sommet en octobre 2023, neuf mois après la sortie de Crescent City: House of Flame and Shadow. Les résultats financiers récemment annoncés dépassent les prévisions, illustrant la rentabilité des auteurs vedettes.
Mais cette stratégie n’est pas sans risques. Comme le souligne un personnage de La Ballade de l’impossible de Haruki Murakami, suivre uniquement les tendances peut s’avérer dangereux. La forte dépendance de Bloomsbury à quelques grands noms inquiète les analystes : les revenus pourraient ne pas dépasser les 342,7 millions de livres sterling enregistrés en 2023/24. À cela s’ajoute une reprise du marché à des niveaux d’avant-Covid, ainsi qu’une incertitude autour de la date de parution du prochain roman de Maas, bien qu’elle ait signé pour six ouvrages supplémentaires. Cette instabilité fragilise les perspectives de revenus de l’éditeur.
Conscient de ces limites, Bloomsbury amorce une diversification stratégique. En 2023, l’éditeur a réalisé sa plus grosse acquisition en rachetant le groupe académique américain Rowman & Littlefield pour 83 millions de dollars. Malgré les tensions budgétaires dans les universités britanniques et américaines, l’entreprise mise sur la croissance mondiale des populations étudiantes. Elle renforce aussi sa présence dans l’édition numérique académique, afin de stabiliser ses revenus. Ce repositionnement marque la volonté de Bloomsbury d’assurer sa pérennité en s’affranchissant de la seule logique des blockbusters littéraires.



