Trois cent quatre-vingts écrivains et organisations, parmi lesquels Zadie Smith, Ian McEwan, Hanif Kureishi, George Monbiot et Russell T Davies, ont signé une lettre qualifiant la guerre menée par le gouvernement israélien à Gaza de génocidaire. Ce texte, également signé par William Dalrymple, Jeanette Winterson, Elif Shafak et Brian Eno, affirme que l’usage des termes “génocide” ou “actes de génocide” ne fait plus débat parmi les spécialistes du droit international et les ONG de défense des droits humains. Il cite Amnesty International, Human Rights Watch et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU comme ayant identifié des actes de nature génocidaire commis par les Forces de défense israéliennes, et mentionne les déclarations publiques de Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir comme l’expression explicite d’intentions génocidaires.
Les signataires demandent un cessez-le-feu immédiat, ainsi que la distribution sans restriction de l’aide alimentaire et médicale par les Nations unies. Ils appellent à la libération des otages israéliens et des milliers de prisonniers palestiniens détenus sans jugement dans les prisons israéliennes. Le texte indique que des sanctions internationales devraient être envisagées si aucune mesure corrective n’est prise par Israël. Rédigée en collaboration avec une douzaine d’écrivains britanniques, la lettre s’inspire d’un appel similaire publié dans Libération par 300 auteurs francophones. Elle débute par un poème de la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada, tuée lors d’une frappe aérienne en octobre 2023, dans lequel elle imagine un refuge cosmique pour le peuple de Gaza — un contrepoint tragique à la réalité qu’ils subissent.
La lettre insiste sur la responsabilité morale des écrivains face à l’horreur. Elle rejette l’idée que les Palestiniens soient les victimes abstraites d’un conflit lointain, et condamne la manière dont le langage a souvent servi à défendre l’indéfendable. Le mot “génocide”, affirment les auteurs, n’est pas un simple slogan, mais une qualification juridique, politique et éthique. En citant une déclaration récente du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, le texte met en évidence l’écart entre les débats terminologiques et la destruction concrète à Gaza. “Nous refusons d’être un public passif et complice”, écrivent-ils. “Ce génocide nous engage tous. Nous en sommes les témoins et, en conscience, nous refusons d’y consentir par notre silence.”