Les professionnels du secteur ont réagi avec colère et tristesse à l’assassinat de l’éditeur libanais, écrivain et militant, Lokman Slim, retrouvé mort dans sa voiture le 4 février au sud du Liban. Il a été abattu de plusieurs balles. Aucun groupe n’a à ce jour revendiqué l’assassinat, mais le Hezbollah est largement soupçonné, Lokman ayant longtemps été un critique majeur du groupe islamiste.
A Sharjah, aux Emirats Arabes Unis, Bodour Al Qasimi, Présidente de l’Association Internationale des Editeurs (IPA), a déclaré : « Nous avons été attristés d’apprendre la perte de Lokman Slim, un membre estimé de la communauté internationale de l’édition. Son meurtre, a priori pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, appelle à l’ouverture d’une enquête internationale. Nous devons nous assurer que d’autres ne soient pas réduits au silence. »
L’IPA a déclaré soutenir les déclarations des professionnels du secteur en Allemagne, qui condamnent le meurtre. Dans un communiqué commun, le Börsenverein (l’Association Allemande des Libraires et des Editeurs), le Salon du Livre de Frankfort et l’organisme pour la liberté d’expression IG Meinungsfreiheit ont déclaré : « nous sommes choqués et profondément attristés par l’assassinat du réalisateur et éditeur Lokman Slim, et nous demandons l’ouverture d’une enquête internationale sur ce meurtre impitoyable. La communauté internationale de l’édition est endeuillée par la perte d’un fervent combattant, engagé et courageux, du droit à la liberté d’expression.
« En 2004, Lokman Slim et sa maison d’édition Dar Al Jadeed ont participé au programme Frankfurter Buchmesses, financé par le Ministère Fédéral des Affaires Etrangères. En tant que co-fondateur du Centre de Documentation et de Recherche UMAM, Lokman Slim s’était engagé dans l’analyse et le débat sur l’histoire récente du Liban et de la Syrie. Avec sa partenaire allemande Monika Borgmann, il a réalisé les documentaires primés Massacre (2004), sur les auteurs du massacre de Sabra et Shatila, et Tadmor (2016) sur une prison de torture dirigée par le régime Assad.
Nous présentons nos sincères condoléances à Monika Borgmann, à la sœur de Lokman Slim et co-fondatrice de la maison d’édition Dar Al Jadeed, Rasha Al-Amir, ainsi qu’à toute leur famille. »
Dal Al Jadeed a été fondé en 1990 à Haret Hreik, un village près de Beyrouth où Lokman Slim est né en 1962. Slim a aussi co-fondé le Centre de Documentation et de Recherche Umam en 2004 à travers lequel il a consacré une grande part de ses ressources à l’enregistrement, la compilation, la préservation, et la promotion de l’histoire du Liban. Il a publié plusieurs documents et travaux historiques et des œuvres d’art.
Avant cela, il a passé 6 années en France, pour des études de philosophie à la Sorbonne. Au fil du temps, certains livres de sa maison d’édition ont été censurés et interdits par la Sûreté Générale Libanaise.
Dans un pays encore secoué par l’explosion du port de Beyrouth de l’année dernière, cette tragédie ne fait que rajouter au sentiment d’instabilité, d’incertitude, et peur et de colère.