Stephen King figure désormais en première position des auteurs les plus censurés aux États-Unis, selon un rapport publié par PEN America. L’organisation dénombre près de 23 000 retraits d’ouvrages des écoles et bibliothèques publiques depuis 2021, une situation inédite dans l’histoire contemporaine américaine. Ce phénomène témoigne d’une banalisation de la censure, imposée par des politiques éducatives locales et nationales de plus en plus idéologiques. D’autres écrivains largement lus, tels que Judy Blume, Jodi Picoult, Sarah J. Maas et le mangaka Yūsei Matsui, figurent également sur cette liste noire.
Le rapport décrit une situation dans laquelle les responsables éducatifs anticipent les injonctions politiques en supprimant des titres avant même toute plainte formelle. Sous couvert de “protection des enfants” et de “droits parentaux”, des milliers d’élèves se voient ainsi privés d’un droit fondamental : celui d’explorer librement des récits qui façonnent l’identité et ouvrent à d’autres possibles. Cette stratégie fragilise le rôle des bibliothécaires, isole les enseignants et limite la portée sociale de la littérature jeunesse. Les droits des jeunes lecteurs se trouvent subordonnés à une autorité parentale absolue, qui réduit l’école à un espace de conformité.
PEN America appelle à une mobilisation civique pour défendre la liberté de lire. Dans un contexte où la censure devient une routine scolaire, résister exige un engagement structuré, à long terme, en faveur du pluralisme éducatif. L’organisation invite à interpeller les élus locaux et fédéraux, à soutenir les bibliothèques et à se joindre aux actions de sensibilisation comme la journée Let Freedom Read (Que la Liberté de Lire Prévale), célébrée le 11 octobre. La littérature, en tant qu’espace de découverte et d’émancipation, ne saurait être confisquée sans conséquences durables sur la démocratie et la formation intellectuelle des nouvelles générations.



