Une vingtaine d’écrivains internationaux, parmi lesquels Sally Rooney, Deborah Levy, la lauréate du prix Nobel Annie Ernaux et le lauréat du prix Pulitzer Viet Thanh Nguyen, exhortent Emmanuel Macron à réactiver le programme français intitulé « Pause », considéré comme un soutien vital pour les écrivains, chercheurs et artistes palestiniens en danger à Gaza. Créé en 2017 par le gouvernement français avec le Collège de France, ce dispositif a permis d’accueillir en France des intellectuels menacés venant d’Ukraine, de Syrie ou d’Afghanistan, et plus récemment 31 Palestiniens depuis le début de la guerre en octobre 2023.
La suspension du programme au mois d’août, à la suite d’une publication jugée antisémite par une étudiante gazaouie récemment arrivée, a suscité une réaction immédiate dans le monde littéraire. Dans une lettre adressée à l’Élysée, les signataires parmi lesquels Abdulrazak Gurnah, J. M. G. Le Clézio, Leïla Slimani, Édouard Louis, Anne Enright et Naomi Klein dénoncent une forme de sanction collective appliquée à l’ensemble des bénéficiaires en raison d’un seul cas isolé. Ils appellent la France à maintenir sa position historique de terre d’accueil pour les penseurs menacés, tout en encourageant d’autres États à mettre en place des initiatives comparables.
Pour les auteurs de la lettre, interrompre un programme humanitaire en pleine crise revient à renoncer à ses responsabilités de protection envers les civils, telles que définies par la Convention sur le génocide. Refuser temporairement cette voie de secours aux artistes et intellectuels palestiniens les expose davantage à la répression. Le programme Pause doit rester un espace de refuge pour les voix que la guerre cherche à faire taire, et ce au nom des principes de justice, de liberté de création et de solidarité intellectuelle.



