Amin Maalouf, intellectuel mondialement connu et écrivain, a déclaré que la pandémie de coronavirus offre au monde une opportunité en or de penser à des solutions pour sortir d’une situation difficile dans une période brutale.
Dans sa session durant le Festival de Littérature Emirates Airlines, intitulée « A la dérive : Comment notre monde a perdu son chemin », son livre sur les bouleversements au Moyen-Orient, la pandémie mondiale et les récessions économiques, paru à point nommé, Maalouf a déclaré : « Nous traversons une période vraiment très difficile et pour cette raison, nous devons réfléchir à comment sortir de cette situation. C’est un bon début pour regarder vers l’avenir. »
Bien que le public ait eu l’impression que le titre « A la dérive : comment notre monde a perdu son chemin », incitait au désespoir, Maalouf a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un trait d’optimisme de rechercher des solutions, soulignant que les habitants du Moyen-Orient, qui manquaient de confiance dans le passé, devraient désormais être confiants puisqu’ils appartiennent à de grandes civilisations, qui ont accumulé de l’expérience et se sont mondialisées. « Ils sont capables de construire maintenant. »
Pour Maalouf, le Covid-19 n’était pas une surprise. Il a ajouté : « Le monde n’était pas sur la bonne voie et l’humanité n’allait pas dans la bonne direction. On aurait pu organiser la vie, mais nous ne l’avons pas fait correctement. Le corona n’est pas une surprise, il est tel les icebergs auxquels a fait face le Titanic. »
Maintenant, le monde est confronté à des menaces pour l’humanité, la division est au cœur de son adversité. La mondialisation a rassemblé les gens dans un forum mondial mais elle ne les a pas réunis. « Elle nous a obligés à nous focaliser sur ce qui nous différencie des personnes assises à nos côtés. Nous nous ressemblons tous, nous avons les mêmes visions, aspirations et moyens mais en même temps, nous voulons croire que nous sommes différents. »
Nombreux sont incapables de se voir comme une identité multiple, des êtres humains capables de créer des humains plus diversifiés, a-t-il déclaré, citant l’exemple des immigrants qui imposent leurs coutumes à leurs enfants au lieu de leur apprendre à s’adapter. « Nous avons été impactés par la science mais nous avons été incapables de gérer son évolution, alors nous nous sommes protégés en faisant un retour en arrière, vers nos grands-parents. »
Le public a aussi eu l’impression que Maalouf imitait en réalité les récents incidents racistes qui se sont déroulés sous l’administration de l’ancien Président Donald Trump, dans l’un de ses livres de 1990 qui traitait de la méfiance entre le gouvernement et les autorités, locales et internationales. A cela Maalouf a répondu : « Les Etats-Unis ont traversé des années très particulières et de nombreuses anciennes administrations étaient conscientes de ce qu’il se passait mais n’ont rien fait. Bien sûr, il y avait des problèmes de racisme aux Etats-Unis et je ne sais pas comment on a pu laisser la situation se dégrader à ce point », alors qu’il prévoit de nombreuses années de lutte entre la Chine, puissance montante, et les Etats-Unis, puissance établie.