L’Association Internationale des Editeurs (IPA) s’est associée à l’Association Mondiale des Editeurs de Presse (WAN-IFRA) et à la Fédération Internationale des Journalistes (IFJ) pour appeler les autorités pakistanaises à renoncer à leur projet d’établissement de la « Pakistan Media Development Authority » (PMDA) (ndlr « Autorité Pakistanaise de Développement des Media ») qui représente une étape dangereuse vers le contrôle de tous les media par l’état.
La PMDA remplacerait les organismes existants de réglementation des media et superviserait les « films, les media sous formats électronique, papier et numérique », et ce, dans tous les domaines, de l’enregistrement aux salaires, des licences à l’attribution de la publicité gouvernementale, ainsi que les procédures de plaintes, civiles et pénales.
Les organisations de l’édition du livre et journalistiques s’inquiètent également de la gouvernance proposée pour la PMDA et son manque d’indépendance vis-à-vis du gouvernement. Il est proposé que les huit membres du conseil d’administration de la PMDA, ainsi que le président, soient nommés par le gouvernement.
La WAN-IFRA, l’IPA et la IFJ sont particulièrement préoccupées par une disposition qui donne à la nouvelle autorité le pouvoir de sélectionner les membres des tribunaux des media, investis du pouvoir de prononcer des condamnations à hauteur de trois ans de prison et des amendes pouvant atteindre 25 millions de roupies pakistanaises (environ 150 000 USD). Il ne pourra être fait appel des décisions rendues par les tribunaux des media que devant la Cour Suprême.
Par ailleurs, les trois organisations expriment de fortes réserves quant au secret entourant la rédaction de la nouvelle loi de la PMDA, le projet n’ayant été que récemment divulgué par le gouvernement et n’ayant reçu aucune contribution des parties prenantes de la société civile ni du secteur des media.
Un comité permettant aux organisations de media de consulter le Ministre Fédéral de l’Information sur les propositions relatives à la PMDA a été établi mi-septembre. Cependant, aucune réunion ne s’est encore tenue, ni n’a été convoquée.
José Borghino, Secrétaire Général de l’Association Internationale des Editeurs a déclaré : « l’Association Internationale des Editeurs est aux côtés des éditeurs de presse et des journalistes pour demander aux autorités pakistanaises d’abandonner leur projet pour la Pakistan Media Development Authority. L’impact potentiel sur la liberté d’expression et la liberté de publier est clair et il est inquiétant de voir que la crise sanitaire actuelle est utilisée comme prétexte pour bâillonner les media indépendants. »
Vincent Peyrègne, PDG de WAN-IFRA, a déclaré : « Nous exhortons le gouvernement du Pakistan à collaborer activement avec les représentants des media sur toute proposition de loi de ce type, notamment compte-tenu de son autorité étendue et du potentiel élevé d’atteinte à la liberté de la presse. »