À l’ouverture du semestre d’automne, les universités afghanes publiques et privées ont reçu l’ordre de retirer 679 ouvrages déclarés contraires à la charia et à la politique des Talibans. Parmi eux, 140 livres rédigés par des femmes y compris des manuels scientifiques comme Safety in the Chemical Laboratory (Sécurité en laboratoire de chimie). Dix-huit disciplines sont également interdites dont le droit constitutionnel afghan, la gouvernance, les droits humains, la philosophie occidentale et les études de genre. Ces cours auparavant obligatoires dans plusieurs filières sont désormais jugés incompatibles avec les orientations doctrinales de l’Émirat islamique.
Cette nouvelle vague d’interdictions s’ajoute à une série de restrictions imposées depuis le retour au pouvoir des Talibans en 2021. En plus des ouvrages supprimés, 201 autres matières sont en cours de révision. Les bibliothèques et librairies de grandes villes comme Kaboul et Hérat ont vu leurs rayons vidés d’ouvrages traitant des droits des femmes, de la démocratie, de l’art, de la religion ou de l’histoire. Plusieurs centaines de titres publiés par des maisons iraniennes ou écrits par des auteurs iraniens sont également visés.
Ces décisions vont à l’encontre d’une longue tradition islamique de production intellectuelle incluant des figures féminines majeures. L’université Al Quaraouiyine fondée au IXe siècle à Fès par Fatima al-Fihri en est un exemple. Alors que l’accès des filles à l’enseignement secondaire reste bloqué, la fermeture intellectuelle des universités installe un modèle éducatif basé sur l’obéissance et l’effacement. La connaissance devient un territoire surveillé où toute pluralité de pensée est perçue comme une menace.



