Une exposition inaugurée au musée Holburne de Bath explore les multiples façons dont les illustrateurs et adaptateurs des romans de Jane Austen ont représenté ses personnages emblématiques. De Hugh Thomson, qui réalisa 160 dessins pour la première édition entièrement illustrée de Pride and Prejudice (Orgueil et Préjugés) à la fin du XIXᵉ siècle, aux gravures sur bois élégantes de Joan Hassall pour les éditions du Folio Society dans les années 1950 et 1960, le parcours visuel est riche et varié. S’y ajoutent des esquisses du spectacle théâtral de 1936 signé Helen Jerome, qui aurait contribué à façonner la figure romantique de Darcy, annonçant peut-être les interprétations modernes à l’écran.
L’exposition coïncide avec le lancement du festival Jane Austen à Bath, célébration de dix jours marquée cette année par le 250ᵉ anniversaire de la naissance de l’écrivaine. Austen vécut à Bath entre 1801 et 1806, et l’une de ses anciennes résidences se trouve à proximité immédiate du musée. Si une autre exposition dans la ville suggère qu’elle n’aimait guère Bath, la présente manifestation valorise plutôt la manière dont ses personnages ont traversé les époques à travers les arts graphiques. Hannah N. Mills, commissaire de l’exposition, insiste sur l’importance des images dans l’imaginaire collectif des lecteurs, bien avant l’essor des adaptations télévisuelles et cinématographiques.
Le parcours se conclut sur des œuvres contemporaines telles que le carnet de croquis de Coralie Bickford-Smith pour la version clothbound classic de Sense and Sensibility (Raison et Sentiments), publiée par Penguin. Ses motifs raffinés évoquent l’univers des romans tout en dialoguant avec les codes graphiques actuels. L’exposition souligne aussi l’évolution de la représentation féminine dans l’illustration littéraire : longtemps domaine masculin, ce champ s’ouvre désormais à de nombreuses artistes, offrant une nouvelle lecture sensible et esthétique de l’œuvre d’Austen.



