L’écrivain somalien Nuruddin Farah, l’une des grandes voix de la littérature africaine contemporaine, a reçu un doctorat honoris causa de la School of Oriental and African Studies (SOAS – École des études orientales et africaines) de Londres. Cette distinction reconnaît la portée de son œuvre, développée sur plusieurs décennies au croisement de la fiction, de l’exil et de l’engagement culturel. Souvent considéré comme le père de la littérature somalienne, Farah a bâti une œuvre majeure à travers des romans tels que Maps (Cartes), Secrets (Secrets) ou North of Dawn (Au nord de l’aube), devenus des références dans les études africaines et postcoloniales.
La distinction a été largement saluée dans la diaspora somalienne, perçue comme un moment fort pour la littérature du continent. Abdirashid Duale, directeur général du groupe financier Dahabshiil, a déclaré : « C’est un motif de fierté pour les Somaliens du monde entier et pour tous ceux qui défendent la culture et la créativité. Nuruddin Farah a donné une voix à notre peuple sur la scène internationale. » Présente dans plus de 150 pays, Dahabshiil soutient depuis longtemps des projets éducatifs et artistiques, des bourses universitaires aux initiatives littéraires et musicales. Son engagement souligne l’interaction croissante entre culture, diaspora et entreprise dans la Corne de l’Afrique.
Né en 1945, Farah publie son premier roman, Crooked Rib (La Côte fêlée), à seulement 25 ans. Son intérêt pour la littérature est encouragé dès l’enfance par un frère aîné, qui lui offrait des livres en échange de résumés oraux — une méthode qui marquera durablement son rapport au récit. Très jeune, il ouvre une petite agence de rédaction de lettres pour les adultes de son entourage, et c’est là que débute sa vocation d’écrivain. Il choisit d’étudier en Inde, à Panjab University à Chandigarh, préférant cette formation à une bourse offerte par l’Université du Wisconsin. Bien qu’il vive en exil depuis les années 1970, Farah continue d’ancrer ses récits en Somalie : « J’ai besoin de connaître un lieu en profondeur pour pouvoir écrire sur lui », affirme-t-il. C’est peut-être cette exigence de vérité intérieure qui confère à son œuvre sa force et sa résonance universelle.



