Au Mexique, écrire et publier relève souvent d’un acte de survie autant que d’une démarche créative. Dans un pays marqué par la montée de la violence et du crime organisé, l’édition s’est muée en outil de résistance et de résilience culturelle. Les ouvrages abordant la violence, la corruption et l’identité se multiplient, aux côtés de récits de non-fiction et de témoignages de survivants qui cherchent à comprendre et affronter la réalité par l’écrit plutôt que par la confrontation armée.
Malgré ce contexte, l’essor des maisons d’édition indépendantes est remarquable. Elles se positionnent comme alternatives éthiques et créatives face aux grands groupes, défendant les voix marginalisées et des thématiques telles que la justice sociale, les droits des femmes ou la mémoire des victimes. Des maisons comme Editorial Sura, Alfaguara et Sexto Piso sont devenues des espaces privilégiés pour une écriture audacieuse, tout en innovant dans la distribution et en multipliant les rencontres avec le public lors de salons et d’événements culturels.
Si certains auteurs mexicains, à l’instar de Valeria Luiselli, se distinguent sur la scène littéraire internationale, les défis locaux persistent : faiblesse du taux de lecture, obstacles économiques et géographiques à l’accès au livre. Des initiatives citoyennes comme « Todos Escriben » (Tout le monde écrit) et « Bibliotecas del Pueblo » (Bibliothèques du peuple) œuvrent à diffuser la lecture dans les communautés les plus isolées. Dans ce paysage, le numérique progresse lentement, la préférence restant au livre imprimé et au lien direct entre auteurs et lecteurs, perçu comme la clé pour préserver la mémoire et offrir, au cœur de l’adversité, un langage de vérité et d’espoir.



